Bienvenue aux Nations Unies
  • Un soldat de la paix de l'ONU en uniforme se tient au milieu des décombres.
    Photo: Maintien de la paix des Nations Unies / FINUL

La FINUL, mission de maintien de la paix de l'ONU, contribue à prévenir une escalade du conflit au Moyen-Orient

 

 Écrit par Lesley Myers, Rédactrice de la section des communications stratégiques du département des opérations de la paix. Elle se spécialise en analyse politique et en planification stratégique, et est experte de l’impact du maintien de la paix.

 

Les tensions de longue date entre Israël et le Liban ont éclaté en octobre 2023, causant de nombreuses victimes parmi les civiles, des déplacements massifs et de la destruction dans les deux pays, tout en accentuant le risque de déstabilisation régionale plus large. Depuis la conclusion d'un accord de cessation des hostilités en novembre 2024, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a joué un rôle essentiel dans la prévention d’une reprise des violences et la promotion d’une stabilité à long terme. Toutefois, alors que le Conseil de sécurité s'apprête à renouveler le mandat de la mission, des questions se posent quant à son avenir.
 

Qu'est-ce qui alimente les tensions ?

Depuis les années 1970, l’absence de contrôle de l’État libanais sur certaines parties de son territoire a permis à des groupes armés non étatiques de lancer des attaques contre Israël, ce qui a conduit Israël à riposter par la force, notamment en occupant le sud du Liban de 1982 à 2000. En 2006, après une guerre de 34 jours entre le groupe armé libanais Hezbollah et Israël, le Liban et Israël se sont engagés à une cessation totale des hostilités par la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU : Israël a accepté de se retirer complètement du territoire libanais derrière une « Ligne bleue »  (ligne de retrait) fixée par l’ONU, le gouvernement libanais s’est engagé à rétablir la stabilité dans le sud du pays, et les deux parties ont convenu de travailler en faveur d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution à long terme sur des questions sensibles telles que la délimitation des frontières.  

En octobre 2023, des hostilités ont éclaté entre Israël et le Hezbollah à la suite d’attaques menées par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens contre Israël. Cela a déclenché plus d’un an d'hostilités dévastatrices entre les Forces de défense israéliennes et le Hezbollah ainsi que d’autres groupes armés non étatiques au Liban. Un accord de cessation des hostilités, soutenu par les États-Unis et la France, a été conclu en novembre dernier, mais les tensions persistent, les forces israéliennes étant toujours présentes au Liban et l’État libanais n’ayant pas encore pris le contrôle des armes du Hezbollah. 

Les Casques bleus de la FINUL effectuent des patrouilles dans le sud du Liban en juillet.

 

Que fait le maintien de la paix de l’ONU ?

ll incombe au Liban et à Israël de respecter leurs engagements en vertu de la résolution 1701 et parvenir à une paix durable. En attendant, la FINUL a contribué pendant des décennies à maintenir un calme relatif le long de la volatile Ligne bleue. 

Présente de manière impartiale et de longue date dans la région, la FINUL joue un rôle crucial pour empêcher que des différends ne dégénèrent en conflit plus large. Sa neutralité, ainsi que son expertise historique et géographique, lui permettent de désamorcer des incidents susceptibles de compromettre les progrès et de déstabiliser davantage la région. Crucialement, elle bénéficie d’un fort niveau d’acceptation auprès des communautés et offre une plateforme de dialogue impartiale qu’aucun autre acteur n'est en mesure de fournir. 

La FINUL aide également le gouvernement libanais à déployer ses forces armées dans le sud et à garantir que ces zones soient dépourvues de groupes armés non étatiques et de leurs caches d'armes et de munitions, aidant ainsi les autorités libanaises à progresser dans le respect des engagements qu'elles ont pris en vertu de la résolution 1701.
 

Que faut-il de plus ?  

La communauté internationale doit d’urgence investir dans les Forces armées libanaises afin de les aider à atteindre la capacité nécessaire pour assurer la sécurité et la stabilité dans le sud. Au fur et à mesure que leurs capacités se renforceront et que l’autorité du gouvernement libanais sera rétablie, que les armes illégales seront retirées, que les violations de la Ligne bleue cesseront et que des discussions en vue d’un cessez-le-feu permanent commenceront, la FINUL pourra amorcer son retrait. 

D’ici là, un soutien uni du Conseil de sécurité à la FINUL est indispensable pour lui permettre de continuer à jouer efficacement son rôle de tiers impartial sur le terrain. 


Quelle est la prochaine étape ? 

Alors que le Conseil de sécurité s’apprête à examiner le mandat de la FINUL en août, un soutien uni est essentiel pour préserver les progrès accomplis et empêcher une reprise du conflit. Dans une récente tribune publiée dans Newsweek, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, explique pourquoi une présence forte du maintien de la paix demeure vitale pour la sécurité régionale.  

Tant que des progrès n'auront pas été réalisés en vue d'un accord de paix à long terme, une présence forte des Nations Unies reste essentielle pour protéger les civils et préserver la stabilité. 

 


 

Contexte 

Les tensions entre le Liban et Israël se sont intensifiées au début des années 1970, après que des éléments armés palestiniens se sont installés dans le sud du Liban et ont lancé des attaques contre Israël. En réponse, Israël a envahi le sud du Liban en 1978. Le Conseil de sécurité de l’ONU a alors appelé au retrait complet des forces israéliennes du territoire libanais et a créé la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour superviser ce retrait et aider le Liban à rétablir son autorité sur le sud du pays. 

Israël a achevé son retrait en 2000 et, en l'absence d'une frontière convenue entre les deux pays, l’ONU a tracé la « Ligne bleue » derrière laquelle Israël a accepté de maintenir ses forces. Le Conseil de sécurité a demandé à la FINUL de rester sur place afin d'aider à sécuriser la zone jusqu'à ce que les Forces armées libanaises puissent le faire de manière indépendante. En 2006, le conflit a repris lorsque le Hezbollah, un groupe armé basé au Liban, a attaqué les troupes des Forces de défense israéliennes. La guerre de 34 jours qui s’en est suivie a pris fin grâce à la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui appelait le Hezbollah à cesser immédiatement ses attaques, Israël à mettre fin à toute opération militaire offensive au Liban, et le Liban à désarmer tous les groupes armés non étatiques présents sur son territoire. Le Liban et Israël se sont tous deux engagés à respecter la résolution tout en travaillant à une solution à long terme. 

Aujourd’hui, dans un contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient, la FINUL continue de surveiller la Ligne bleue et l’application de l’accord de cessation des hostilités défini par la résolution 1701. Elle œuvre à éviter que des malentendus entre les forces libanaises et israéliennes ne dégénèrent en violences, ce qui aurait des répercussions importantes sur la sécurité régionale et internationale. La FINUL appuie également les efforts déployés par le Liban pour éliminer la présence de groupes armés et d'armes non autorisées dans la zone et rétablir l'autorité de l'État. Ces étapes sont cruciales pour protéger les communautés des deux côtés de la Ligne bleue et ouvrir la voie à une paix permanente. 

Ultimement, l'instauration d'une paix durable demeure toutefois la responsabilité du Liban et d'Israël. La FINUL se tient prête à les soutenir dans ces efforts.