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Journée internationale des Femmes : leadership, paix et réconciliation en temps de Covid-19

La Journée internationale des femmes (JIF) qui se tient le 08 mars de chaque année, a été commémorée de façon anticipée par la MINUSMA, le 05 mars dernier. Une vidéoconférence et une marche sportive symbolique ont marqué cette édition 2021 dont le thème est « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Ces commémorations qui ont eu lieu dans le respect des mesures barrières à la pandémie ont regroupé des artistes, le personnel civil et en uniforme de la Mission, ainsi que la Ministre malienne de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, et le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et plus de 350 autres invités connectés.

« La JIF est célébrée au Mali depuis les années 1980 et a pris de l’ampleur en même temps que les attentes des femmes et leur engagement » a déclaré Bintou Founé SAMAKE, la Ministre de la Promotion de la l’Enfant et de la Famille, avant d’ajouter : « c’est un évènement qui permet de regarder derrière nous, faire une analyse du présent et poser les perspectives pour l’avenir ». C’est donc cet exercice qui a été mené tout au long de cette vidéoconférence. Ponctuées par les interventions de deux artistes slameuses et d’un de leur confrère, les interventions ont dressé un tableau de la condition des femmes, leur rôle et leur leadership au Mali, dans ce contexte de pandémie mondiale de Covid-19.

« Les femmes sont entrées dans la pauvreté et la grande vulnérabilité… »

Tel est le constat fait par Mme la Ministre qui n’a pas manqué de souligner un accroissement de cette vulnérabilité des femmes car, dit-elle : « Les femmes sont sur-représentées dans les secteurs économiques touchés par la pandémie ». Une situation qui n’est pas une exception malienne puisque selon l’ONU : « le risque de perte d’emploi et de chute des revenus est de 24 % plus élevé pour les femmes que pour les hommes ». Avec la pandémie, « l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, déjà important, s’est encore élargi, notamment dans le secteur de la santé » où elles sont pourtant plus nombreuses. Cependant, le constat de Mme SAMAKE ne s’arrête pas là. La Ministre a également pointé l’augmentation des violences conjugales et basées sur le genre dont sont victimes les Maliennes en général. Quant aux jeunes filles, les corolaires de la Covid-19, dont les fermetures d’écoles les ont plus exposées qu’elles ne l’étaient déjà aux mariages précoces, aux agressions sexuelles et aux grossesses non désirées.

Face à cette situation, la responsable de la promotion féminine au sein du Gouvernement oppose l’engagement et le leadership des femmes. Individuellement ou collectivement, en appui aux efforts de l’Etat, elles ont organisé la riposte contre la Covid-19. De par leur travail au sein des structures de santé mais aussi dans leurs associations et dans leurs foyers, les femmes ont soigné, sensibilisé, informé pour faire barrière à la propagation de la maladie à coronavirus au Mali. Son département dit-elle, « est déterminé à la mise en œuvre de la politique nationale du genre. Nous prenons l’engagement de l’institutionaliser avant l’élection du prochain gouvernement ». En effet, des assises sur le statut de la femme sont inscrites aux priorités du gouvernement de transition. Une occasion d’obtenir, pour plus de la moitié de la population malienne, de nouveaux acquis et surtout conserver ceux existant déjà et consacrés par la constitution.

Pour que les Maliennes prennent TOUTE leur place dans le processus de paix

Intervenant sur le « bilan de la participation politique des femmes aux processus de paix et de réconciliation au Mali et les efforts fournis pour la prévention et la réponse à la Covid-19 », Catherine Renée ANDELA Cheffe de l’Unité Genre de la MINUSMA, se veut réaliste. Partant de la mobilisation des femmes dès les premières heures de la crise en 2012, contre les violences, les dangers de la partition du Mali et pour le retour à l’ordre constitutionnel, elle rappelle que lors de la Conférence d’Entente Nationale en 2017, les femmes ne représentaient que 30% des participantes. Ceci, cinq ans après que quatre d’entre elles aient, selon ses termes, « forcé la porte pour participer à la réunion de médiation sur la crise malienne à Ouagadougou… ». Malgré l’adoption de la loi 052-2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l'accès aux fonctions nominatives et électives, le chemin qu’il reste à parcourir pour parvenir à une participation des femmes égale à celle des hommes dans les instances dirigeantes publiques est encore long.

À travers son Unité Genre, dont la tâche première est d’assurer l’intégration des questions de genre dans les politiques et programmes de la Mission, la MINUSMA contribue aux efforts pour l’implication effective des femmes dans le processus de paix. Elle a organisé et appuyé plusieurs ateliers de renforcement des capacités, d’appropriation de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali par les femmes. Elle a également accompagné la création d’une plateforme de femmes leaders et l’établissement d’un plaidoyer pour leur inclusion dans le processus de paix. Tous ces efforts de la Mission onusienne auront permis, en novembre 2020 lors de la 41ème session du Comité de suivi de l’Accord (CSA), que neuf femmes y siègent de façon permanente. Une victoire qui en appelle d’autres, notamment la recommandation à la cinquième session de haut niveau du CSA, de l’inclusion de 15 autres femmes au processus de mise en œuvre de l’Accord (trois au CSA et 12 dans les sous-comités).

À l’appui technique de la MINUSMA aux Maliennes s’ajoute un important soutien financier aux projets qui leurs sont profitables. Ainsi, rien que de 2019 à nos jours, 4,88 millions de dollars américains ont été décaissés du fonds fiduciaire de la MINUSMA pour la paix et la sécurité qui soutient de nombreux projets incluant systématiquement un marqueur genre avec un examen complet de l’intégration genre et distingue en particulier ceux qui portent sur l’agenda Femmes Paix et Sécurité. « En ce qui concerne les projets sur femmes, paix et sécurité ou avec des objectifs directs sur le genre, » explique Mme ANDELA, « plus d’un million de dollars US ont été dépensés sur six projets spécifiques ». Soit environ 20% du financement total, dépassant ainsi l’objectif du Secrétaire général de l’ONU fixé à 15%.

Concernant la crise sanitaire…

Une analyse de l’impact de la Covid-19 sur les femmes au Mali a été faite par l’Unité Genre de la MINUSMA afin d’identifier les actions et mesures à prendre pour la prévention, la protection et la riposte. Un projet de l’APDF (Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes) au Mali qui vise la prévention de la Covid-19 et la prise en charge des survivantes de violences basées sur le genre et violences sexuelles (VBG/VS), à Bamako et Mopti, a été également commandé par la Mission pour mettre en œuvre ces actions et mesures. Il a entre autres permis la prise en charge alimentaire de 188 femmes et filles survivantes de VBG. Parmi elles 40 ont été accueillies dans les centres de Mopti. Elles y ont bénéficié d’une prise en charge psychologique et 15 y ont été hébergées. Le service ONE STOP CENTER pour hébergement en a reçu trois d’entre elles. À Bamako, ce sont 144 survivantes et deux survivants qui ont été reçues dans le centre d’hébergement et d’écoute. 53 d’entre elles y ont été hébergées. Des actions de sensibilisation en porte à porte faisaient également partie du projet. 100 familles de Mopti et 100 de Bamako ont ainsi été sensibilisées sur les mesures barrière à la transmission de la Covid-19. Pour se faire, des équipements (masques, gels…) ont été mis à la disposition des agent(e)s chargées de ces activités de proximité. Enfin, une sensibilisation via les médias (radio et TV) a permis une augmentation substantielle des dénonciations de violences liées à la Covid-19.

À l’interne aussi, la MINUSMA travaille à la parité

Sans appliquer l’affirmative action, l’Organisation des Nations Unies veille à ce que la parité homme femme soit prise en compte dans le recrutement de son personnel. La preuve est faite par le staff directoire de l’ONU, composé d’autant d’hommes que de femmes. Celui de la MINUSMA, prend le même chemin, comme l’a démontré l’exposé de la Cheffe des Ressources humaines, Ancilla KAZIRUKANYO. Si au niveau de la haute direction on a atteint le 50-50, il n’en n’est pas de même pour les autres catégories de personnels civils. Ainsi, globalement, les femmes ne représentent encore que 25% des fonctionnaires de la MINUSMA, internationaux et nationaux, tous grades et échelons confondus. Un chiffre en augmentation, grâce notamment à une politique de recrutement qui encourage les candidatures féminines.

Un engagement renouvelé

Attentif aux différentes présentations, le Chef de la MINUSMA, le Représentant spécial du Secrétaire général de la MINUSMA, Mahamat Saleh ANNADIF a d’abord chaleureusement remercié la Ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille pour son déplacement « dans ce contexte sanitaire si particulier ». Les 25 ans de la Conférence de Beijing sur les droits des femmes, le 20ème anniversaire de la Résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité de l’ONU sur Femmes, Paix et Sécurité, célébrés à Bamako au cours de l’année 2020, sont des évènements qu’il a évoqué avec fierté, félicitant les Maliennes pour leur « implication dans la politique, pour la paix au Mali ».

Ainsi, M. ANNADIF retient que « le verre est à moitié plein et que le combat continue » pour les femmes. « Il y a certes des avancées non négligeables mais il reste encore un long chemin à parcourir. La MINUSMA le pratique au quotidien et les Nations Unies continueront d’accompagner sans relâche les femmes pour que la mobilisation soit forte pour leur droits, leur implication dans la politique et les processus de paix et de réconciliation, » a ajouté le Chef de l’ONU au Mali avant de conclure en adressant ses félicitations aux autorités, tout en les encourageant à aller plus loin dans leurs efforts.

Une marche sportive pour clore la célébration

La Force de la MINUSMA et la Police des Nations Unis (UNPOL) ont organisé une marche sportive le 05 mars au quartier général de la MINUSMA à Bamako. Elle a été présidée par le Commandant de la Force, le Général Dennis GYLLENSPORRE qui avait à ses côtés la Cheffe d’UNPOL, la Générale de Division Bettina Patricia BOUGHANI et son adjointe la Générale de police Mamouna OUEDRAOGO, ainsi que le Chef des opérations, le Général Charfadine Margui MAHAMAT. Le Général GYLLENSPORRE a profité de l’occasion pour exprimer toute sa gratitude à l’endroit de toutes les femmes Casques bleus de la MINUSMA pour leur engagement au quotidien au service de la paix au Mali. Dans une ambiance chaleureuse, les femmes Casques bleus de la MINUSMA ont fait le tour du quartier général. Une remise symbolique de médailles aux dix premières arrivées, a mis un terme à la cérémonie.