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Journée des casques bleus : la MONUSCO, les FARDC et la PNC expliquent leur collaboration à l’heure de la transition

Le commandant adjoint de la Force de la MONUSCO, le général de division Benoît Chavanat, a répondu aux questions posées par des participants à l’émission « Paroles aux auditeurs » enregistrée jeudi 26 mai à Kinshasa. Photos MONUSCO / Carine Tope

« Nous célébrons cette journée dans un cadre assez particulier, où des massacres de civils continuent dans la partie est du pays, occasionnant des déplacements massifs de population. Nous devons aussi nous attaquer aux causes profondes ».

Le commandant adjoint de la Force de la MONUSCO, le général de division Benoît Chavanat, réagissait ainsi à des questions posées par des participants à l’émission « Paroles aux auditeurs » enregistrée jeudi 26 mai à Kinshasa, en marge de la célébration de la journée des casques bleus.

« Après vingt ans de présence de la MONUSCO en RDC, nous Congolais avons le sentiment que la collaboration entre les casques bleus et les forces de sécurité nationales est un échec, au vu de la situation d’insécurité qui perdure dans l’est de la RDC », déclarait un participant aux trois panélistes intervenant dans cette émission proactive. Un avis partagé par plusieurs autres participants.

Les trois panélistes, dont le commandant adjoint de la Force de la MONUSCO, le général de division Benoît Chavanat, le chef de la police de la MONUSCO, le général de brigade Modi Berethe, et le porte-parole de la Police nationale congolaise (PNC), le colonel Mwana Mputu, ont tenté de rassurer l'auditoire.

Le général Chavanat est ainsi revenu sur les actions que mènent conjointement les FARDC et la Force de la MONUSCO pour arriver à bout de l’ennemi. « 13 500 casques bleus sont déployés dans différentes bases pour protéger les civils. Nous menons des actions à succès mais souvent peu ou pas médiatisées », a-t-il affirmé.

Le commandant adjoint de la Force de la MONUSCO a aussi rappelé que, dans le cadre du mandat qui lui est attribué, la Force protège les convois civils ainsi que les convois des humanitaires et joue aussi un rôle dissuasif important dans les zones en proie aux conflits armés.

Au-delà de la dissuasion, « la force a aussi un rôle à caractère offensif », a-t-il souligné. « C’est à ce niveau qu’intervient notre partenariat avec les FARDC dans les zones affectées par l’activisme des groupes armés. Nous travaillons ensemble pour chasser l’ennemi. Nous menons des actions communes pour venir à bout de cette guerre », a rappelé l’officier supérieur.

Le général de division Chavanat a cependant souligné que la guerre dans la partie est du pays ne nécessite pas que des solutions militaires. Il a invité à « s’attaquer aux causes profondes que sont la mauvaise répartition des richesses, la lutte contre l’impunité et la volonté politique ».

Pour un retrait responsable

Intervenant à son tour, le chef de la Police de la MONUSCO, Mody Berethé, a rappelé que la transition et le retrait progressif de la MONUSCO se font de façon responsable. Déjà le 30 juin 2022, le bureau de la MONUSCO dans la province du Tanganyika va fermer définitivement. « Nous travaillons de façon à ce que nos partenaires puissent pérenniser tous les acquis après notre départ. Je tiens à vous rappeler que la MONUSCO part, certes, mais les Nations-Unies restent et vont renforcer leur intervention », a assuré le chef UNPOL.

« Pour ce qui concerne la Police des Nations Unies, nous avons donné plusieurs formations à notre partenaire, la Police nationale congolaise. Nous avons renforcé leurs capacités pour les rendre plus professionnels dans leur mission régalienne, celle de protéger la population et ses biens », a -t-il conclu.

A propos du partenariat PNC-UNPOL

Propos confirmés par le porte-parole de la PNC, le colonel Mwana Mputu, qui, a pour sa part rappelé à l’auditoire que si la MONUSCO est encore en RDC, c’est par la volonté du gouvernement congolais. « Nous collaborons étroitement avec la MONUSCO pour rétablir la paix et nous sommes satisfaits de cette collaboration qui porte des fruits palpables. Nous ne pouvons pas tout mettre sur la place publique. Ce n’est pas parce que nous ne disons rien, que rien n’est fait sur le terrain », a-t-il assuré.

Il a notamment expliqué que la MONUSCO renforce les capacités opérationnelles de la PNC par des formations. Elle fournit du carburant à la Police nationale congolaise pour organiser des patrouilles afin de protéger les civils ; elle assure également la logistique et construit des bureaux dans certaines provinces. « Je ne saurai tout énumérer. La Police nationale congolaise bénéficie de plusieurs actions, c’est un partenariat très fructueux », a-t-il conclu.

Apport des sections civiles dans la protection des civils

En deuxième partie d’émission, les sections substantives de la MONUSCO ont aussi expliqué leurs interventions pour la protection des civils dans les zones de conflit. Erica Bussey, directrice adjointe du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH), a expliqué que dans le cadre du mandat qui lui est attribué, son bureau est pleinement engagé dans la lutte contre l’impunité, dans le renforcement des capacités institutionnelles pour la promotion des droits de l’Homme et dans la lutte contre toutes formes de discrimination basée sur le genre.

La section des Affaires civiles est revenue sur ses interventions au niveau fe la protection des civils. « Nous avons mis en place un mécanisme de renforcement d’alerte précoce avec les communautés locales ; nous avons installé des réseaux d’alerte communautaire pour collecter les infos et les transmettre aux décideurs. Ces alertes ont permis d’éviter plusieurs attaques par des groupes armés », a expliqué Phil Wani, représentant de cette section.

La section des Affaires civiles affirme avoir enregistré 3223 alertes de cas d’insécurité dans quatre provinces. Ces alertes ont été transmises au pourvoyeur de solutions, à savoir le gouvernement congolais lui-même.

« A côté de ces réseaux d’alerte, nous avons aussi des assistants de liaison communautaire qui gardent des contacts permanent avec les autorités dans les zones de conflit. Nous avons aussi mis en place des comités locaux de protection qui sont des forums locaux où des membres des communautés discutent de sujets communautaires, dont la lutte contre l’insécurité et la protection des civils », a-t-il ajouté.

Enfin, Madame Obianuju Nwobi , cheffe de la section en charge de la Réforme du secteur de la sécurité (RSS), a évoqué le soutien de sa section au gouvernement congolais dans la réforme du secteur de la sécurité en RDC. « La réforme de la sécurité est une question qui concerne tous les Congolais, et pas seulement la police et l’armée. La MONUSCO veille et s’assure de l’inclusivité des parties prenantes à ce processus », a-t-elle expliqué

Une centaine de personnes ont participé à cette émission proactive. On note parmi elles des étudiants, des chercheurs, des professeurs d’université, des mouvements citoyens, des associations de jeunes et des professionnels des médias.

Les Nations Unies célèbrent le 29 mai de chaque année la journée internationale des Casques bleus. Par cette journée, l’ONU rend hommage à tout le personnel civil et militaire engagé dans la cause de la paix dans le monde, parfois, au péril de sa vie.