Le capitaine Sabrina Binte Islam est ingénieur en maintenance aéronautique au sein de l'armée bangladaise. Elle sert au sein de la MONUSCO depuis mars 2024. / Photos Aubin Mukoni et Banbatt
Rendre service. Être utile aux autres. Dans la famille du capitaine Sabrina Binte Islam, cela fait partie des choses qui se transmettent de père en fille.
Originaire du Bangladesh, le capitaine Sabrina Binte Islam est ingénieur en maintenance aéronautique. Arrivée en République démocratique du Congo en mars 2024, son travail consiste à assurer la sécurité et la fonctionnalité des hélicoptères de la MONUSCO qui sillonnent le ciel congolais pour déployer des troupes, transporter des civils et assurer des interventions urgentes en zone d’opérations.
Dans ces conditions, réparer et entretenir des hélicoptères pour assurer leur disponibilité opérationnelle prend une autre dimension. Il s’agit de sauver des vies, qu’un retard d’allumage peut condamner, dans cette province du Nord-Kivu, où la situation sécuritaire qui prévaut s’avère souvent volatile.
Une responsabilité que le capitaine Sabrina Binte Islam dit aborder avec humilité mais avec un sens du détail et une méticulosité qui forcent le respect. « Mon travail consiste à veiller à ce que nos trois hélicoptères soient opérationnels et prêts pour la mission à tout moment. Inspecter les hélicoptères, ce n'est pas seulement trouver des défauts, c'est aussi s'assurer que des vies sont en sécurité », explique-t-elle.
Son histoire est celle d'une passion, d'un héritage familial et d'un dévouement pour les autres, les plus fragiles, les plus vulnérables. La passion de ce jeune capitaine pour servir les autres est profondément ancrée dans ses origines familiales. Son père, médecin retraité de l'armée bangladaise, l'a inspirée dès son plus jeune âge.
L'engagement de sa famille au service des autres est pour elle une source de fierté et de motivation. Elle n'est pas la seule à avoir suivi cette voie : sa sœur aînée est médecin dans l'armée bangladaise, une autre de ses sœurs est médecin dans le civil et son frère est également médecin dans l'armée de son pays. « Nous avons une tradition familiale de service. J’en tire autant de fierté que de motivation », déclare Sabrina.
A bientôt 30 ans, le capitaine Sabrina Binte Islam sert au sein de l'armée bangladaise depuis près de dix ans. Elle a commencé sa formation militaire immédiatement après avoir obtenu son diplôme d'études secondaires.
Pendant sa formation, qui a duré près de trois ans, elle a suivi des études d'ingénierie électrique, se spécialisant en maintenance aéronautique. Après deux ans de formation, elle est également devenue parachutiste après avoir réussi le test de qualification.
« Sauter est un défi qui m’attirait depuis longtemps. J’ai osé me lancer et j’ai réussi », affirme-t-elle humblement. Aujourd'hui, Sabrina continue à pratiquer régulièrement le parachutisme afin de maintenir cette compétence spécifique, en parallèle de ses tâches quotidiennes.
Donner le meilleur de soi
La journée du capitaine Binte Islam débute à l'aube, marquée par une routine d'exercices sportifs. « La condition physique n'est pas seulement une exigence, c'est un état d'esprit : il s'agit de se préparer à donner le meilleur de soi-même lorsque le devoir nous appelle », explique-t-elle.
Ensuite, commence une journée de travail exigeante au cours de laquelle elle effectue des vérifications approfondies avant un vol, résoud des problèmes techniques et collabore avec les équipes de pilotage et les ingénieurs de maintenance.
Son sens aigu du détail lui permet d'identifier les problèmes potentiels avant qu'ils ne surviennent et ne s'aggravent ; une compétence acquise grâce à des années de formation et d'expérience. « Mon travail consiste à veiller à ce que nos trois hélicoptères soient opérationnels et prêts à partir en mission à tout moment. Inspecter les hélicoptères, ce n'est pas seulement trouver des défauts, c'est aussi s'assurer que des vies sont en sécurité », explique l’ingénieur
Ici pas de place aux approximations ni au travail en solo. Le capitaine Sabrina Binte Islam collabore étroitement avec les équipages et les ingénieurs de maintenance, elle supervise les tâches de maintenance et de dépannage programmées. « Le travail d'équipe est essentiel dans notre secteur d'activité. Nous comptons les uns sur les autres pour que nos hélicoptères restent opérationnels et prêts à partir en mission », confie-t-elle.
Le bataillon d’aviation bangladais basé à Goma est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, prêt à se déployer dans les 30 minutes le jour et les 45 minutes la nuit. Cette capacité de réponse rapide est vitale pour soutenir le mandat de la MONUSCO, aussi bien en ce qui concerne les efforts humanitaires que la protection des civils dans les zones de conflits. « Savoir que mon travail contribue à améliorer la vie des gens en RDC me donne un profond sentiment d'utilité », souligne le capitaine Binte Islam.
Fière de servir
Concilier une carrière exigeante et une vie de famille est un défi qu’elle relève sans grande difficulté. « Il est essentiel de tracer une ligne entre le travail et la vie de famille », fait-elle savoir. Le soutien de sa famille et de ses collègues joue un rôle crucial pour l'aider à gérer cet équilibre. « Chaque fois que je suis confrontée à un défi, je n'hésite pas à demander de l'aide. C'est ce soutien qui m'aide à garder les choses en perspective », explique-t-elle.
Le capitaine Sabrina Binte Islam se dit optimiste quant à l'avenir de la RDC, reconnaissant le potentiel de croissance et de développement de ce pays. « Il y a tant à faire pour améliorer les conditions de vie ici. La région a un potentiel énorme et je suis enthousiaste à l'idée de participer à ce changement », déclare-t-elle.
Son dévouement à son rôle d'officier et son engagement en faveur du maintien de la paix reflètent les valeurs qui lui ont été transmises au sein de sa famille. Elle affirme ainsi qu’elle servira au sein de l’armée bangladaise jusqu’à sa retraite. « C'est ma vocation et je suis fière de servir », conclut-elle. Et malgré les exigences élevées de son travail, elle trouve le temps de s'adonner à des loisirs. Elle joue au badminton et fait de l’exercice physique avec ses camarades du contingent bangladais.
Lorsqu'elle est de retour au Bangladesh, c’est dans la lecture que se réfugie cette passionnée de romans et de biographies de personnages historiques, avouant avec le sourire : « Je ne suis pas non plus la meilleure cuisinière, mais j'aime essayer de nouvelles recettes. Et même si ma famille ou mes hôtes se moquent parfois de moi, j'apprécie le fait d’essayer ».
Elle se dévoue corps et âme pour la paix. Son histoire prouve que le dévouement au service d’autrui ne connaît pas de limites.