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  • Portrait de Jeanne D’Arc Kohou

Ensemble pour la paix : Protéger les droits des femmes de fil en aiguille, le parcours de Jeanne d’Arc

Reportage : Yaye Nabo Séne et Gaëlle Sundelin

En 2019 lorsque Jeanne d’Arc Kohou a rejoint la MINUSMA au Mali, son rôle principal était de lutter contre les violences basées sur le genre. Mais peu après son arrivée, la pandémie du COVID-19 frappait de plein fouet et elle ne pouvait plus physiquement orienter les victimes. Alors, elle a, à la place, tissé des liens avec ses collègues en leur enseignant l’art de fabriquer des sacs. Dès qu’elle a pu reprendre ses activités avec le public, elle a commencé à former les femmes de la communauté locale. En tout, plus de 100 personnes ont bénéficié de son savoir-faire.

« J’ai appris à tisser après avoir moi-même été victime de violences et laissée seule avec mes enfants. Je vendais les sacs que je tissais pour subvenir aux besoins de ma famille car mon salaire ne suffisait pas. Dans mon cas, justice n’a pas été rendue. Mon mari est resté impuni comme beaucoup d’hommes à l'époque au Burkina Faso, comme partout ailleurs. Aujourd’hui c’est donc mon combat d’assurer que les femmes aient accès à la justice et aux réparations. J’ai toujours sensibilisé les femmes pour qu’elles dénoncent ces violences, qu’elles demandent justice. Trop souvent, l’attention est détournée des vraies victimes et la responsabilité est rejetée sur les femmes. En Haïti par exemple, où j’étais déployée pendant 10 ans, j'ai entendu les hommes rejeter la faute sur les vêtements des femmes mais à Gao, au Mali, elles sont complètement voilées donc ça n'a rien à voir. Il faut déplacer la responsabilité des victimes sur les auteurs, ce sont eux les responsables.

Mais il faut aussi s'assurer que les femmes sortent de la pauvreté et de la dépendance et qu’elles puissent subvenir à leurs propres besoins pour ne plus avoir peur de dénoncer ces actes. La vente de ces sacs tissés que je leur ai enseigné à fabriquer est une façon de leur assurer plus d’autonomie et la MINUSMA travaille beaucoup à proposer des opportunités similaires de formation aux femmes et organise des ateliers de sensibilisation.

Mais ces ateliers ne sont pas uniquement adressés aux femmes. On parle beaucoup de la sensibilisation des femmes mais il est important de sensibiliser aussi les hommes, ce sont eux les auteurs de ces actes. Et il faut commencer dès le plus jeune âge, avec les garçons pour créer des générations et des sociétés plus égalitaires où les violences basées sur le genre sont clairement considérées comme des pratiques inacceptables.

Je me souviendrai toujours de cette session de sensibilisation à Gao avec de jeunes écoliers : je pouvais voir que certains comprenaient, soutenaient ce que je présentais. Il suffit qu’un seul d’entre eux prenne conscience pour que cela puisse petit à petit influencer toute la communauté et que ces violences cessent. Ça c’est mon espoir pour l’avenir. »

Plus d’un million de Casques bleus ont participé à des missions de paix sous le drapeau de l’ONU, mais ils ne sont pas seuls à œuvrer en faveur de la paix. Le maintien de la paix repose sur des partenariats solides et divers. Nous vous présentons dans cette nouvelle série la voix de soldats de la paix et de partenaires à travers le monde.