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AIMEE GHISLAINE MOUDIKI : « En tant que femme, je me rends utile à la société en contribuant à sauver des vies »

AIMEE GHISLAINE MOUDIKI : « En tant que femme, je me rends utile à la société en contribuant à sauver des vies »

|PORTRAIT|

Je me nomme Aimée Ghislaine MOUDIKI, j’ai 38 ans et je suis Cheffe D’Escadron-Magistrat (Commandante) dans la Gendarmerie camerounaise. J’ai été déployée au sein de la MONUSCO le 25 aout 2019 comme Officier de Liaison avec les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) à Bunia en ITURI pour une durée de 12 mois.

L’une des contributions de mon pays, le Cameroun, à la stabilisation de la paix en RDC est d’y envoyer du personnel policier, militaire ou Gendarme qui exercent au sein de la MONUSCO pendant 1 an renouvelable. Les Nations Unies ont toujours été pour moi le symbole du don de soi pour les autres, travailler loin des siens, dans un environnement parfois hostile mais apporter sa pierre à l’édifice de consolidation de la paix ou de son rétablissement, c’était un rêve, un choix volontaire devenu enfin) réalité.

Servir sous la bannière des Nations Unies m’a permis de sortir de ma zone de confort et de m’immerger dans un univers multinational, multiculturel, pluridimensionnel et de côtoyer des responsables aussi bien politiques des Forces armées de la RDC ainsi que ceux de la MONUSCO parfois dans des situations de stress intense dû aux opérations militaires. A titre d’exemple, je participe à plusieurs réunions sur la situation sécuritaire en Ituri, j’effectue des reconnaissances aériennes dans les zones de combats, je donne des cours sur le rôle de l’officier de liaison aux nouveaux venus des contingents…

Fort heureusement, mon besoin d’être utile à la société et de pouvoir contribuer à sauver des vies est un volet très important des tâches dévolues à un Officier de Liaison.

Au quotidien, je reçois des demandes d’évacuation de militaires blessés sur le champ de bataille pour des zones vertes ou des hôpitaux mieux outillés pour un meilleur suivi médical.

 

Le soulagement dans leur regard lorsqu’ils atterrissent à l’aéroport de Bunia et sont conduits vers un hôpital, suffit pour que je revêtisse mon uniforme, mon béret bleu et mon macaron UN le lendemain, nonobstant la fatigue et le stress dus aux conditions de travail et particulièrement au COVID-19.

 

Comme personnel féminin au sein de la Mission de maintien de la paix, les défis au niveau professionnel n’ont pas été significatifs. Peut-être en raison du fait que je suis une femme militaire depuis 16 ans déjà et j’ai toujours travaillé dans un environnement à 80% masculin.

Cependant, les difficultés se situent surtout au niveau de l’éloignement avec la famille qui, forcement, a un impact sur notre rendement, plus encore, compte tenu des restrictions de voyages dues à la pandémie de COVID-19. Il m’a fallu apprendre l’auto-motivation.

 

Je me sens particulièrement honorée d’avoir pris part à la signature de l’Accord de Paix entre l’Etat congolais et l’ancien groupe rebelle FRPI à Gety le 24. Février 2020.  J’ai conduit ce jour-là la délégation de 7 généraux et 2 colonels des FARDC, en plus du Ministre de la Défense nationale congolais représentant la plus haute autorité.

Sans aucun doute, nous femmes casques bleus restons une source d’inspiration pour les jeunes filles locales. La population féminine en Ituri est constituée pour la plupart de petites commerçantes, de fermières ou d’agricultrices de subsistance. Ces femmes n’ont malheureusement pas eu accès à une éducation de qualité à même de leur garantir des ouvertures professionnelles acceptables. Leurs multiples échanges avec des femmes soldats de la paix leur démontre à suffisance qu’une femme peut beaucoup plus lorsque la société lui en donne les moyens. Il en est de même au cours des séances de sensibilisation de la jeune fille organisées par les contingents à diverses occasions.

Travailler au sein d’une Mission de Maintien de la Paix, surtout pour un personnel féminin, est une expérience enrichissante à plus d’un titre : aujourd’hui, je suis l’une des deux femmes militaires travaillant Quartier Général du Secteur Nord de la MONUSCO à Bunia.  Je peux dire avec assurance que le volet Egalité de genre y est respecté.

A toutes les femmes casques bleus, je dis juste BRAVO. Faire carrière dans les forces armées pour une femme est déjà un défi, encore plus grand quand il s’agit d’un soldat de la paix. Cette carrière est certes exaltante et enrichissante, mais  exige beaucoup de concessions et de sacrifices.

 

|Le 29 mai marque la célébration de la Journée Internationale des Casques bleus des Nations Unies. C’est une occasion de rendre hommage au personnel civil et militaire déployé dans les missions de paix des Nations Unies à travers le monde.   Le thème de cette année est : « Les femmes dans le maintien de la paix : une clé pour la paix ».  La MONUSCO vous propose de découvrir, à travers une série de portraits, les contributions inestimables des Femmes Casques bleus au service de la paix en République Démocratique du Congo. |